Bulletin de la Grange Saint Bernard de Clairvaux 2e semestre 2023 (nouvelle formule)
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LA FERMETURE DE LA PRISON
Clairvaux déshabité ?
Édito
Les derniers détenus ont quitté la prison de Clairvaux le jeudi 25 mai dernier, le personnel est parti le 22 septembre. La fermeture de la Centrale est un événement dans le pays de saint Bernard. Elle marque la fin d’une activité qui générait dans la vallée des emplois, des déplacements, de la vie. Elle sonne comme un départ, une séparation. Quitter Clairvaux. Cela résonne aussi comme d’autres départs récents : quitter Sainte Marie du Désert, les Neiges, abandonner des églises, des activités pastorales… C’est une première piste que nous a suggérée l’évènement de la fermeture de la prison.
La seconde voudrait questionner l’histoire de la présence humaine dans cette vallée. Durant sept siècles, les moines s’y sont succédés, puis après la Révolution française qui les en a chassés, l’abbaye est devenue une prison qui a accueilli des détenus pendant plus de siècles. Pendant neuf cent ans, ce lieu de la vallée n’a cessé d’être habité. Quelle fut la nature de cet habitat ? Peut-on légitimement établir un lien de continuité entre ces deux fonctions, la vie monastique et la détention ? Nous essaierons d’aborder la question en cherchant à la renouveler.
Cet événement nous suggère deux pistes de réflexion : d’une part elle est une rupture, un départ, une séparation qui trouve des échos dans l’histoire ancienne autant que dans notre actualité contemporaine. D’autre part, elle renvoie à une histoire qui s’achève : celle de l’abbaye et de la prison, dont on cherche peut-être vainement à fonder l’unité, la continuité. Ces deux approches ont à voir avec l’habitat. La fermeture marque la fin d’un habitat et celle de l’histoire continue cherche la similarité de cet habitat.