Bulletin de la Grange Saint Bernard de Clairvaux 1er trimestre 2022
Abonnement 4 numéros : 20 € – N° ISSN 1 66 27 27
sommaire 2. Edito 3. La Charte de charité, brève introduction 4. Extraits de la Charte 6. Pierre Alban Delannoy Vous avez dit Charte ? 10. Pierre Alban Delannoy La charité de la Charte, qu’est-ce que c’est ? 14. Denise Baudran et alt. La communauté et la charte 17. Stéphanie Malarme Lecture. Le Héraut de l’amour divin. 19. Les activités de la Grange. |
Édito
Charte de charité et parenté cistercienne
Voici un numéro consacré à la Charte de charité. Il est directement le fruit du travail mené en août 2021 pendant notre semaine communautaire. Il s’agissait pour nous de mieux comprendre la Charte et de voir en quoi elle nous concernait dans notre vie communautaire de laïcs cisterciens, dans nos relations avec Cîteaux et plus largement avec la famille cistercienne. Plusieurs raisons nous avaient conduit à travailler sur ce sujet. D’abord, il y avait l’actualité récente. En 2019, la famille cistercienne avait fêté à Cîteaux le 900e anniversaire de la première publication de la Charte. Cet anniversaire a suscité de multiples manifestations, dont un important colloque au collège des Bernardins à Paris, des publications, des articles, des réflexions un peu partout.
La deuxième raison nous concernait davantage. Un mois plus tôt, en juillet, notre communauté avait reçu la visite du père abbé de Cîteaux. Au cours de cette seconde « visite régulière », celui-ci avait parlé de la Gange comme d’une fille adoptive de Cîteaux. C’est bien entendu sur fond de Charte de charité qu’un tel langage pouvait se comprendre.
La troisième raison tenait à la demande faite par la communauté de Chambarand, privée de monastère de rattachement de se lier à la famille cistercienne par la médiation de la Grange (voir PSB n° 115). A propos de cette médiation, l’idée de filiation, filiation adoptive, avait été avancée, nous replaçant dans le contexte de la Charte de charité. Par ailleurs la nouveauté du lien que nous engagions avec Chambarand nous obligeait à réfléchir à la nature des relations existant au sein de l’ordre et dont le fondement se trouve dans la Charte de charité.
Dans ce numéro nous nous intéresserons aux deux mots clés de la Charte de charité. Le mot charte : que signifie-t-il ? quel sens a-t-il pour nous ? A quels types de liens fait-il appel ? Le mot charité ensuite. Quelle est la charité dont il est question ? Quel enjeu est-ce pour nous tous ?
Les deux mots ne vont pas tellement bien ensemble. Comment comprendre leur association ? N’est-elle pas paradoxale ? Quelque chose qui fixe, qui détermine, réglemente, contraint et quelque chose qui ne peut pas s’encadrer, ou si elle l’était risquerait de perdre sa substance. Peut-on réglementer la charité ? Mais dans la Charte s’agit-il de cela ? En nous interrogeant sur le titre de la charte, il faut nous demander quelle est la nature du lien qui les lie. S’agit-il d’une charte qui est faite pour la charité : une charte pour rendre possible la charité ? pour la mettre en œuvre ? Une règlementation qui rendrait possible son exercice ? Dans cette perspective, la charité serait l’objet de la charte. Ou bien s’agit-il d’une charte élaborée par la charité ? La charte dont la charité est le sujet, produite par elle, de son exercice ? Ce n’est peut-être pas une alternative. Peut-être la réponse est-elle un mixte des deux.
Dans ces journées de réflexion, il ne s’agissait pas seulement de comprendre mais de voir ce qui nous concernait. Dans ce numéro, nous avons voulu croiser la compréhension de la Charte et des réflexions tirées de notre pratique pour examiner la manière dont nous pouvions en vivre.
Pierre Alban Delannoy