Présence de St Bernard n°119

Synode

Depuis plusieurs mois, nous sommes entrés dans un temps fort de la vie de l’Église qui est la préparation du synode des évêques sur la synodalité. Chaque diocèse a tenu son propre synode, tous les chrétiens ont été conviés à témoigner de l’effectivité de la synodalité chez eux, dans leurs communautés, leurs paroisses, leur diocèse. A la Grange Saint Bernard de Clairvaux, nous avons participé à cet important mouvement et avons envoyé notre contribution à notre évêque. Le diocèse de Troyes a décidé de la faire figurer en annexe de sa synthèse. Nous en sommes très honorés et nous nous sentons impliqués dans l’aventure de la synodalité.

Impliqués, nous le sommes en tant que communautés de laïcs cisterciens soucieux de vivre l’évangile et de le faire rayonner, là où nous sommes, dans ce lieu source de Clairvaux. Nous le sommes aussi parce que nous appartenons à la famille cistercienne et que celle-ci possède dans sa tradition, dès la fondation de Cîteaux, un trésor, une formidable ressource en la matière, une expérience originale de la synodalité, qu’elle offre en cadeau à l’Église tout entière. Sans doute, pendant tout un temps, n’a-t-il pas été possible qu’elle le reçoive, le connaisse, le reconnaisse et se l’approprie. Les choses ont changé, notamment depuis le retournement qui s’est produit au synode sur l’Amazonie, en 2019, où l’Église particulière a été reconnue comme lieu central, où – comme l’a dit le pape François – la périphérie est devenue le centre (tout en demeurant la périphérie).

Dans ce numéro, fruit du séminaire qui s’est tenu à la Grange le 2 avril dernier, nous revenons sur les notions de synode et de synodalité. Nous consacrons aussi de nombreuses pages à l’Amazonie, bien sûr au synode qui lui a été consacré, mais aussi à ce que représente aujourd’hui le point de vue de l’Amazonie sur les plans anthropologique et sociétal et dont les textes synodaux rendent comptent. Le synode de 2023 est le fruit de ces bouleversements qui affectent l’Église et la mettent en mouvement.

Ce synode est en effet un mouvement. Ce n’est pas juste une consultation démocratique, il est un mouvement de fond. Notre évêque rappelait que le mot synode signifie cheminer ensemble. C’est ainsi qu’est né Cîteaux dans un cheminement incessant, dans des allers-retours entre Molesme, Lyon, Cîteaux, et ensuite grâce à la Charte de charité entre tous les monastères qui envoient leur abbé au chapitre général. Nous consacrons quelques pages à la synodalité intrinsèque de Cîteaux, à la manière novatrice qu’ont eue les cisterciens de nouer le local et le global, l’un des enjeux de notre synode actuel.

Cette question de faire vivre l’unité dans la diversité, c’est aussi un enjeu pour chaque communauté, la nôtre comme toutes les autres. Nous essayons aussi d’en rendre compte dans ces pages.

Il s’agit bien aujourd’hui, ici, d’inventer la synodalité. Non pas au sens de la fabriquer ex nihilo – c’est au contraire une vieille histoire, qui remonte aux premiers temps de l’Église. Le verbe latin invenire qui en est la racine veut dire tout à la fois trouver, découvrir, apprendre en s’enquérant, et même se retrouver. Tout le programme de ce synode.

Pierre Alban Delannoy